Qualité de l'enseignement supérieur

L’université de Tamatave dans le système LMD et conditions de vie des étudiants


L’université de Tamatave dans la réforme LMD


Je suis partie trois semaines à l’université de Tamatave, avec l’objectif d’analyser le fonctionnement universitaire malgache et ses problématiques dans la mise en place du système LMD.

Je me suis entretenue avec différents acteurs qui participent au développement des universités à Madagascar. Quatre principales problématiques ont été mises en exergue : 1) la difficulté d’assurer la relève ; 2) l’entrée récente dans le système LMD ; 3) la surpopulation des étudiants ; 4) les soucis budgétaires.

1) La difficulté d’assurer la relève. Il y a très peu de professeurs titulaires d’une HDR. Ainsi, les étudiants qui souhaitent poursuivre en doctorat doivent trouver un directeur de thèse dans une autre université à Madagascar ou dans un autre pays. L’accompagnement doctoral se réalise alors principalement à distance, ce qui a des effets négatifs sur l’avancement de leur recherche. Conséquemment, peu de doctorants soutiennent leur thèse et la relève des enseignants-chercheurs n’est donc pas assurée. 50% des enseignants à l’université de Tamatave sont des vacataires (doctorants, professionnels, ingénieurs). La plupart de ces enseignants vacataires sont en doctorat depuis 10 ou 15 ans. Parallèlement, il n’y a aucune formation doctorale de prévu. Les doctorants se retrouvent donc isolés et peu accompagnés dans leur recherche.

2) L’entrée récente dans le système LMD. L’université de Tamatave a tardé à entrer dans le système LMD. Leur maquette pédagogique LMD doit être remise au président de l’université pour la fin du mois d’août 2013, sans quoi leur diplôme ne serait plus reconnu. Les enseignants-chercheurs rencontrent des difficultés dans la construction de leur maquette pédagogique et le personnel administratif a peu de connaissance concernant le fonctionnement du système LMD.

3) La surpopulation des étudiants. Tamatave est une université qui est prévue pour accueillir 2000 étudiants, ils sont actuellement 12 000.
• Des cours surchargés. Beaucoup d’étudiants suivent le cours en amphi dehors. D’autres viennent réserver leur place à 4h du matin ;
• Un manque de salles. Certains cours commencent à 6h du matin. Des cours ont lieu également le samedi et le dimanche.

4) Les soucis budgétaires. Pour prendre un exemple, en 2011, les chinois ont offert une résidence universitaire non meublée à l’université de Tamatave. Or, l’université n’a pas les moyens de meubler ce bâtiment. Il reste donc inoccupé depuis deux ans, pendant que les étudiant vivent dans des résidences universitaires insalubres.

Compte-rendu de ma mission à Tamatave: ICI


Conditions de vie des étudiants


Voici quelques photos des cités universitaires. Dans une chambre de 9 m2 il peut y a avoir jusqu’à 8 étudiants. Les conditions sanitaires sont déplorables, tout est complètement insalubres. Dans certains bâtiments, il n’y a ni rideau ni porte dans les douches et les toilettes (cf photo 2 et 3). Les fils électriques sont dénudés (cf photo 5) et côtoient les « fuites » d’eau qui sont en fait de véritables jets d’eau (photo 2 à droite). Tous les murs sont moisis (photo 4: couloir) et l’odeur est difficilement tenable. Il n’y a pas de système de ramassage des ordures, les étudiants les jettent depuis leur fenêtre de chambre. Un laboratoire de recherche travaille actuellement sur un projet qui viserait à incinérer les ordures pour créer de l’électricité pour tout le campus.

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Les journaux parlent de cet article (avec plus de photos) ICI et LA

6 réflexions au sujet de “L’université de Tamatave dans le système LMD et conditions de vie des étudiants”

  1. Nous avons vu les manquements au niveau des étudiants. Mais à quelle sauce est mangée le personnel administratif par exemple les secrétaires?

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