syndrome imposteur doctorant
Doctorat

Le syndrome de l’imposteur chez les doctorants

Les personnes présentant le phénomène de l’imposteur ont l’impression de manquer de capacité, de tromper leur entourage (professionnel, social et familial) et de ne pas être responsables de leur réussite, malgré des signes externes de succès évidents, de bonnes performances ou évaluations professionnelles. Elles sont de plus persuadées de pouvoir être tôt ou tard démasquées et accusées d’incompétences (Chassangre, 2013).

Il y a six mois, j’ai posté un article sur le syndrome de l’imposteur (SI) dans mon groupe Facebook La thèse nuit gravement à la santé. La question qui accompagnait l’article était la suivante : « Avez-vous l’impression d’être atteint du syndrome de l’imposteur ? ». En une journée, 2400 doctorants ont cliqué sur l’article, il y a eu 84 mention j’aime, 42 partages et 21 commentaires. Les commentaires ont porté sur différentes dimensions :
Sentiment d’infériorité: « peur de répondre une connerie quand la question porte sur ma spécialité », « on ne comprend pas les choses ou pas aussi bien que les autres », « je me compare à d’autres doctorants ou docteurs que je trouve plus brillants, ayant des compétences plus développées et plus intéressantes »;
Crainte d’être démasqué : « avoir l’impression d’être un moins bon chercheur, de ne pas être à ma place et attendre le moment venu où quelqu’un ouvrira les yeux sur monimposture »;
Sentiment d’incompétence: « lire des articles d’autres auteurs qu’on t’a vivement conseillé, relire 4x la première page et n’avoir toujours rien compris …», « quand en corrigeant une copie médiocre de L1 on se dit que l’étudiant en question est quand même clairement plus intelligent que nous »;
Difficulté à internaliser sa réussite : « quand j’étais au début de thèse, j’étais persuadé que j’étais une expérience de mon directeur de thèse, un cobaye, qu’il voulait voir si quelqu’un de moyen pouvait s’en sortir en thèse ou pas », « j’ai l’impression d’avoir passé la licence et le master par chance et d’avoir été acceptée en doctorat par défaut. J’ai l’impression qu’il me manque énormément de connaissances », « se persuader qu’on ne mérite pas sa bourse de thèse, qu’on l’a prise à un autre qui méritait plus ».

Au vu des nombreuses réactions, j’ai proposé à Kevin Chassangre, qui a fait sa thèse sur le SI, de mener une recherche sur le syndrome de l’imposteur chez les doctorants, afin de déterminer la proportion de doctorants atteints du SI et leurs caractéristiques.
La revue de la littérature sur le sujet nous a amené à formuler 6 hypothèses :
1) Les doctorant(e)s qui ont obtenu un financement doctoral sont davantage sujets au SI;
2) Les doctorantEs sont davantage sujettes au SI que les doctorants;
3) Les doctorantEs sous la direction d’un directeur de sexe masculin sont davantage sujettes au SI
4) Les doctorant(e)s en première année sont davantage sujets au SI;
5) Les doctorant(e)s les plus jeunes sont davantage sujets au SI;
6) Il n’y a pas de différence entre les doctorant(e)s selon leur appartenance disciplinaire.

METHODOLOGIE

Pour mener cette recherche, nous avons proposé un questionnaire aux doctorants.
– La première partie du questionnaire comprenait des questions relatives aux caractéristiques socio-professionnelles et socio-démographiques du doctorant : sexe, âge, année d’inscription, discipline, sexe du directeur de recherche, financement doctoral, etc.
– La deuxième partie comprenait le test de Clance, le test le plus couramment utilisé pour évaluer l’intensité du SI.
– Une question ouverte était également posée “Avez-vous l’impression d’avoir développé le SI? Pourquoi?

QUELQUES PREMIERS RESULTATS BRUTS

Après nettoyage des questionnaires, nous avons obtenu 798 réponses.
65% des 798 doctorants/docteurs interrogés ont un syndrome de l’imposteur fréquent ou intense (en se basant sur la classification de Holmes et al, 1993);
– Le SI diminue un peu avec l’âge;
– Les doctorantEs expriment davantage le SI que les doctorants;
– Les doctorant(e)s expriment davantage le SI que les docteurs;
– Les autres variables ne semblent pas jouer sur le SI (financement, discipline, sexe du directeur…).

Voici quelques exemples de commentaires cités par les doctorants qui ont l’impression d’avoir le SI :

Sentiment d’incompétences (203 commentaires formulés): ”je me sens incompétente”, “on attend beaucoup de moi alors que je ne suis pas compétente”, “ je me dis que tout mon entourage qui me félicite d’être en doctorat pourrait y aller et sans doute faire mieux que moi””, “ Malgré l’achèvement de mon doctorat et les compliments que j’ai pu recevoir, je ne me sens pas aussi compétente que ce que je pense qu’il faudrait que je sois dans cette position”.

Manque de confiance en soi (134 commentaires formulés): “je n’ai pas confiance en moi, en mes compétences”, je n’ai absolument [aucune] confiance en la qualité de mon travail, je suis persuadé que mes quelques réussites sont une vastes blagues”, “j’ai toujours manqué de confiance en moi”.

Peur de ne pas être à la hauteur (116 commentaires formulés): “je ne sais pas si j’arriverai à être à la hauteur de ce qu’on attend de moi”, “impression de ne pas être à la hauteur”, “je soutiens ma thèse la semaine prochaine. Mon directeur pense que mon travail est le meilleur qu’il ait jamais eu à diriger. mes pré-rapports ont été très favorables à ma venue en soutenance et n’ont pas tari d’éloges. Et pourtant! Je n’arrive pas à y croire, je n’arrête pas de me dire que je vais ressembler à un légume le jour de ma soutenance et que je ne pourrai pas relever de défi d’être au niveau de la thèse que j’ai écrite”.

Attributions à des facteurs extérieurs/sentiment de ne pas être à sa place/pas légitime/pas mérité (112 commentaires formulés) : “je passe mon temps à expliquer que j’ai eu de la chance d’être là où je suis”, “j’ai toujours l’impression de ne pas être à ma place. Seule la chance et le fait d’être au bon endroit au bon moment m’ont permis d’arriver là où je suis aujourd’hui””j’ai l’impression que ma présence en doctorat est liée à la chance, à avoir travaillé avec les bonnes personnes au bon moment”, “[je me dis que] si j’ai obtenu ma bourse de thèse c’était uniquement car j’avais un profil atypique et non parce que j’ai effectué un bon travail” “impression d’avoir réussi par hasard en passant à travers les mailles grâce à la chance”, “je pense que mon inscription en doctorat n’est que le résultat de paramètres annexes à mes capacités (petite faculté de province, seul inscription en thèse de lettres “.

Dévalorisation de soi (42 commentaires formulés): “je finis par avoir l’air d’une vaste fumisterie”, “j’ai une dépréciation permanente de moi-même”, “[je suis] une fausse/mauvaise thésarde”, “je me sens toujours nulle”, “ je ne me sens pas intellectuelle ou intelligente”, “je suis une cruche incompétente”, “je suis nulle”, “je ne mérite pas cette vie”, “je me sens souvent comme une fraude”, “j’ai tendance à penser que je suis un bug”, “je pensais souffrir d’une sorte de déficience mentale”.

Se compare aux autres (88 commentaires formulés): “un de mes collègues réagit toujours rapidement à ce qu’il vient d’entendre et argumente spontanément avec plein de références. Je n’arrive pas du tout à faire ça, et à chaque fois qu’il prend la parole, je doute de mes propres compétences”, “je me compare toujours aux autres”, “sentiment de faire un travail médiocre, sans grand intéret par rapport à mes collègues”, “j’ai toujours l’impression que mes collègues doctorants sont davantage légitimes que moi dans leur position”,” je me sens toujours nulle par rapport aux autres”.

Impression d’être surévalué par les autres (59 commentaires formulés):” lorsque des enseignants chercheurs donnent une légitimité à mon travail en témoignant de l’intéressement, des encouragements, de la sympathie, j’ai l’impression qu’ils jugent un travail et un “moi” médiocres”,” j’ai l’impression que les gens avaient une image trop belle de moi, au niveau de mes compétences scientifiques”, “j’ai l’impression que ma famille et mes amis surévaluent mes capacités et mes connaissances”, “je vais probablement décevoir mon encadrante et l’entreprise”, “J’ai le sentiment de ne pas être à ma place, que quelqu’un a vu en moi des capacités que je n’ai pas”, “je me demande sans cesse comment membres du jury, directeurs… ont pu se tromper à ce point sur mes capacités réelles en m’acceptant en thèse, en m’accordant une bourse”.

Peur d’être démasqué (55 commentaires formulés): “j’ai une peur panique de décevoir mes collègues, qu’ils découvrent ma “supercherie”, “je me sens très mal à l’aise dans les échanges et discussions scientifique avec les pairs, j’ai peur qu’ils se rendent compte de mon manque de connaissance, de mes lacunes dans les lectures, des erreurs que je peux faire dans ma recherche”, “je ne suis pas convaincu d’avoir les capacités de mener à bien mes projets et j’ai peur que l’on se rende compte que je n’ai pas le niveau ou les connaissances requises”, “régulièrement, je me fige lors de discussions avec mes collègues ou mes directrices de thèse, en me disant: Ca y est ils vont réaliser que je ne sais pas telle ou telle chose, que je n’ai pas ma place ici que je suis une cruche incompétente”, “un jour quelqu’un découvrira que je ne suis rien et sera déçu”, “je me sens comme une menteuse, une tricheuse qui n’a pas révélé sa vraie nature et ses réelles compétences. je vis comme un sous marin avec l’angoisse d’être démasquée”.

Laetitia GERARD


POUR ALLER PLUS LOIN
– Chassangre, K. (2014). Le phénomène de l’imposteur, la peur qui mine la réussite. Journal de thérapie comportementale et cognitive, 24, 32-38.

Issue de mon site « La thèse nuit gravement à la santé » (www.PhDelirium.com)

40 réflexions au sujet de “Le syndrome de l’imposteur chez les doctorants”

  1. J’ai ressenti ce syndrome de l’imposteur durant ma thèse, je me considérais comme une erreur de casting. J’avais l’impression de ne jamais assez bien travailler, pourtant je me tuais à la tâche, j’en suis tombée malade. Puis j’ai fait un postdoctorat, ce sentiment a changé, j’ai compris certaines choses, l’unité où j’étais en thèse était très élitiste, et si tu ne sortais pas d’une grande école tu étais un imposteur.
    Néanmoins, j’ai toujours peur que ce sentiment revienne, car cette expérience en thèse m’a beaucoup abîmée.

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  2. Bonjour,

    Tout ceci est très intéressant !

    J’ai connu ça à la fin du Master que j’ai passé aux États Unis, au moment des examens finaux et de la soutenance de mémoire, panique: « Ça y est, ils vont de rendre compte que je suis l’impostrice du siècle ». J’ai tout passé et j’ai même reçu les honneurs du jury mais maintenant je m’apprête à m’inscrire en doctorat, le SI revient. Au moins, je sais maintenant que je ne suis pas la seule !

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  3. Bonjour,

    Docteur moi même, j’ai bien connu ce sentiment. Je l’ai aussi beaucoup observé autour de moi, et dans différentes disciplines. Je n’ai pas encore eu le temps de lire l’article cité, vous m’excuserez si mes propos sont de la redite.

    Mon interrogation se pose sur le système de la recherche, ou la reconnaissance par les pairs fait partie du jeu, mais où aussi le jugement par les pairs est plus que présent. Que ce soit par les professeurs sur les bancs de la fac (eux même chercheurs), les directeur de stage, les directeurs de thèse, les jurés du jury de thèse, les reviewers et finalement en point d’orgue les jurés de concours, il y a beaucoup de jugement.
    En particulier, j’en suis venue à considérer que le système place une énorme pression sur les jeunes recrues, et aussi qu’un cercle de jugement se met en place par ceux qui l’ont déjà subi (habitude, vengeance, perversion…). Pour finir, la sélection pour les (rares, en tout cas ds ma discipline) postes ne semble pas toujours lié ni au pedigree du candidat ni à ses capacités opérationnelles ou intellectuelles. Ceci place dès le début de sa carrière voir de ses études, les doctorants dans une position ingrate qui me semble mener a ce syndrome.

    Pour résumer, la bienveillance est absente du système, donc comment progresser sereinement et sur de soi dans ce contexte ?

    Il m’a personnellement fallu passer dans le privé pour réussir à m’épanouir.

    En tous cas merci pour ce travail !

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  4. Peut on se demander si ce syndrome, bien que « désagréable » à vivre n’est pas La condition nécessaire pour mener des recherches de qualité et avoir une « vraie » démarche de chercheur? En effet, la recherche c’est avant tout de l’exigence et un questionnement perpétuel alors il est naturel (et peut être même salutaire) de se remettre en question continuellement. On peut y voir aussi l’impact du « moule » entre formation universitaire et école d’ingénieur, certains ont des questions et d’autres des certitudes…à voir.

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  5. Bonjour, il serait intéressant de rapprocher ce symptôme des résultats académiques avant la thèse. Avant tout je tiens à préciser que je ne pense pas que ces résultats prédisposent des qualités de chercheur.
    Le domaine de la recherche attirant de moins en moins de jeunes, le recrutement ne se fait-il pas de plus en plus bas dans les classements d’une promo? Les recherches étant étant souvant dirigées par l’élite des grandes écoles (ENS,…), le gap peut paraitre difficile a combler pour quelqu’un qui se situait plutôt dans le ventre mou des promos de bonnes écoles.

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  6. En troisième année de thèse, j’ai un beau syndrome de l’imposteur. Ca m’a un peu soulagé de m’en ouvrir discrètement auprès d’autres doctorantes, et de réaliser qu’on avait toutes ce satané sentiment!
    De mon côté, il est plus facile à vivre maintenant que j’ai un réel épanouissement personnel en dehors de la thèse: j’ai fait ce que ne doit JAMAIS (au yeux de l’entourage et de la thésarde elle même) faire une doctorante… un bébé en cours de thèse! Et là, bizarrement, je ne me sens pas du tout être une imposteur!

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  7. Bonjour à tous,

    Je viens de commencer la thèse et je me réjouis de voir que mes interrogations trouvent un écho favorable à travers vos post. Je serrais très heureux de revenir dans 3 ans et vous dire mon expérience perso.

    Bien à vous

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  8. Bonjour à tous,

    Je suis en première année de thèse, et mon directeur n’est pas vraiment du genre chaleureux… Il aurait clairement préféré garder son étudiant de master, et je me mets donc une pression énorme pour ne pas faire la moindre erreur. Je ne lui pose jamais de question car j’ai peur qu’il découvre toutes mes lacunes. Lorsque je suis confronté à un problème, une interrogation, 10% de mon cerveau se demande « quelle est la réponse à cette question? », les 90 autres % se demandent fébrilement « est-ce que je ne suis pas censé savoir cela? ». Cette peur permanente de mal faire, et qu’on découvre toutes les notions que je ne maîtrise pas, est moralement épuisante, et finit presque par me dégoûter de mon activité de doctorant… si vous avez des conseils je prends !!

    Merci à vous !

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    1. Bonjour Thomas,
      Merci pour ton message. Saches que tu es encore en formation, donc toutes questions est bonne a poser pour progresser. Si tu n’oses pas poser ces questions là à ton directeur, peut-être peux-tu les poser à tes collègues doctorants? ou alors à un enseignant-chercheur avec qui tu t’entends bien? Sinon, à mon sens, rien ne t’empêche de poser ces questions par écrit, à ton directeur de recherche, en apportant toi-même les réponses à tes questions et en lui demandant si tes réponses sont pertinentes/correctes ?

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    2. Bonjour, je sais bien que j’ai un an de retard pour répondre à ce commentaire, mais je préfère le poster quand même pour que d’autres puissent le lire à l’avenir.

      Se retenir de poser des questions par peur de « se sentir bête », « faire perdre du temps » ou autre est très courant et c’est une très grave erreur. Cela te fait perdre énormément de temps. Tu peux rester bloqué des jours alors que quelqu’un pourrait te répondre en 5 minutes, et probablement avec plaisir.

      Même si tu estimes que le temps de ton encadrant ou d’un autre collègue vaut 10 fois plus que le tiens, vous y gagnerez énormément si tu va les déranger quelques minutes pour poser tes questions.

      N’oublie pas que ton travail de recherche est aussi (en partie) celui de ton encadrant, et qu’il sera probablement content de de pouvoir te débloquer et de faire avancer ton sujet plus rapidement !

      J’espère que tu t’en est rendu compte tout seul depuis que tu a posté ce commentaire 🙂

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    3. Bonjour, je n’ai pas réponse malheureusement mais je ressens exactement la même chose.
      C’est constamment une lutte, chaque jour, pour essayer de faire bonne impression et espérer ne pas passer pour une nullarde.
      Je n’avance plus sur mon travail à force je n’ai plus aucune concentration ni énergie. Certains jours je n’arrive même pas à me lever sans pleurer la boule au ventre.
      Je suis en première année cela fait presque 6 mois que j’ai commencé et je n’ai absolument aucun résultats tandis que mes collègues arrivés plus tard vont quasiment publier leur premier article.
      Vous avez du finir votre thèse à l’heure qu’il est, comment avez-vous survécu ?
      Merci et bonne journée !!

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      1. Bonjour Clara. C’est normal de se sentir « pas à la hauteur » lorsqu’on débute sa thèse, car on est devant une montagne, et on ne sait pas encore comment la gravir. C’est encore plus compliqué lorsqu’on commence à se comparer aux autres. Il y a toujours des « autres » qui sont plus ceci, plus cela que nous. Essayons aussi de nous comparer à ceux qui sont moins ceci ou moins cela, ça permettra de voir que finalement on est un.e doctorant.e comme les autres. Réaliser une thèse est un processus personnel, qui prend du temps et qui sera plus simple pour certaines personnes que pour d’autres car nous sommes tous différents. Ca va dépendre de nous, du sujet, de notre directeur de thèse, etc. Certaines auront des résultats rapidement, pour d’autres ça prendra plus de temps. Pour certains, le sujet choisi rendra le recueil de données plus simple, pour d’autres le recueil de données sera plus complexe et chronophage. La thèse c’est avant tout soi avec soi, un dépassement de soi, inutile de se comparer, on fait une thèse pour soi, pour évoluer et pour développer des compétences qui feront notre force. On peut en discuter par téléphone si tu le souhaites.
        Laetitia

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  9. Bonjour,

    Je viens également de commencer ma première année de thèse et j’ai la même sensation que pas mal de monde ici, d’autant plus que j’ai totalement changé de domaine (passage de la physique vers la biologie).
    Mon directeur de thèse m’a recruté car j’avais un excellent dossier à l’université (mention très bien et major chaque année), mais voilà, je suis vraiment lent pour chaque tâche et je me demande si je ne fais pas parti de ces « Excellents » étudiants bons académiquement qui feront de médiocre chercheurs en thèse…

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    1. Salut Pierre, je pensais comme toi, être extrêmement lente en tant que doctorante. Mais récemment, dans ma vie professionnelle, quelqu’un m’a dit que je travaillais ultra vite et bien. Je me suis alors aperçue que ma lenteur était surtout « dans ma tête », mais n’était pas vraiment réelle

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  10. Bonjour,

    Je suis tombé sur votre page en faisant des recherches sur le « mal être en doctorat », c’est dire si je développe ce syndrome également. Je suis en thèse depuis bientôt 6 mois maintenant, et je n’arrive toujours pas à m’intégrer pleinement. Pourtant l’équipe est géniale (très bonne entente et entraide) mais j’ai du mal à dialoguer avec mon promoteur. Ce dernier est « très » carré pour ce qui est de la communication et la présentation de résultats, or la communication peut parfois se révéler difficile pour moi. Cela me vaut pas mal de difficulté à dialoguer avec mon promoteur (sympathique et relativement chaleureux hors thèse pourtant). Je n’ose pas m’affirmer, proposer mes idées ou poser mes questions, de peur de mes lacunes. Je suis en Biologie mais mon domaine de thèse est fort différent dans la pratique du domaine de mon master/stage. Que ce soit en mémoire ou en stage (dans une université du top 5 mondial pourtant), j’étais épanouis, et je travaillais vite et bien. J’ai eu, dans les deux cas, de très bonne lettre de référence (ce qui m’a permis de rejoindre mon université actuelle). Malgré un concours difficile et TRES sélectif pour la bourse, j’ai su finir dans les « meilleurs » et obtenir mon financement, alors que mes exercices et répétitions avec mon promoteurs étaient très laborieux.
    Bref, je n’arrive pas à « être le doctorant » ou le scientifique que j’étais précédemment ou que j’aurais voulu être. J’éprouve de grosse difficulté à me lancer dans des expériences car beaucoup de points me paraissent obscurs et/ou que je ne me sens pas les capacités de les mener à bien. De plus, je suis avec une post-doc sur le même sujet qui semble davantage mener le projet que moi.
    Y a-t-il des gens qui ont traversé ça? Si oui, quels sont vos conseils pour « se sentir mieux »? Merci 🙂

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    1. Bonjour Christophe
      Déjà félicitation pour l’obtention de la bourse !! Comme tu le dis ça ne fait que 6 mois que tu es en doctorat, donnes toi le temps de prendre tes marques. Je pense que je me suis affirmée qu’à la fin du doctorat (5ème année) et encore ! La doctorat est avant tout une formation à la recherche par la recherche, donc tu as le droit de ne pas tout savoir. Concernant la communication avec le directeur de recherches elle est essentiel, beaucoup d’abandons sont liés à une mauvaise communication, donc surtout n’hésite pas à le solliciter, à communiquer avec lui, même si c’est pas évident. Au fil du temps vous aller réussir à vous comprendre.
      Si tu sens que tu as des lacunes, essaie de lire davantage sur le sujet et de contacter des experts du domaine pour répondre à tes interrogations. Je le rappelle, tu es un scientifique en formation, tu as le droit de ne pas tout savoir, tu as le droit de demander de l’aide. Tu seras expert à la fin de ton doctorat 🙂

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  11. Bonjour je suis en 3ème annėe de thèse. En lisant cet article je découvre que je suis atteinte de ce syndrome. Je voulais faire une thèse car je pensais que c’est un moyen de m’intégrer en france avant de m’enfoncer dans le monde du travail. Maintenant J’ai tout les symptômes :faible confiance en soi sentiment d’infériorité sentiment d’incompétence et crainte d’être masquée. Je ne suis pas du tout à ma place et je vais changer complètement d’orientation une fois je termine la thèse j’ai envie de quitter complètement le domaine scientifique. Tout cela a beaucoup influencé sur ma vie privée. J’ai développé une phobie des réunions et présentations ça me stresse énormément au point de tomber malade. Mais en tout ça me soulage de savoir que je ne suis pas la seule.

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    1. Bonjour Mariana,
      Rien ne t’obliges à poursuivre dans le domaine scientifique après ta thèse. Ca ne signifie pas pour autant que tu as fait une thèse pour rien. Au contraire, ça veut dire que tu as enfin trouvé ta voie !! Sache que les compétences que tu as développées en doctorat te seront très utiles dans ton futur job quel qu’il soit.
      Courage pour terminer ta thèse et je te souhaite un bon après doctorat !

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  12. Bonjour à tous,
    Je ne vais commencer ma thèse que dans un mois, mais j’ai dejà tellement de doutes sur mes capacités! Je crois que je suis clairement atteinte de ce syndrome, depuis au moins deux ans! Malgré les compliments incessants que je reçois de mon entourage (enseignants et autres), je ne cesse de penser que je dois ma place à des facteurs externes cités dans les différents commentaires. Surtout, je me répète tout le temps que  » je réussis constamment à bluffer tout le monde », et à chaque épreuve importante je me dis  » Ghenima, cette fois-ci, game over; la partie est finie! Tu vas te faire démasquer « . Paradoxalement, jusque là, ces épreuves ont été un succès !
    Ça fait du bien de constater ne pas être la seule dans cet état et d’en parler. J’espère toutefois que certains (spécialistes peut être) puissent nous mettre sur la voie de la  » guérison « , car, personnellement, j’en souffre beaucoup.

    Ghenima

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    1. Bonjour Ghenima,
      Si tu as toujours réussi, alors tu es clairement à ta place. Regarde bien autour de toi, les autres doctorants ne sont pas tous des Einstein !!! Certains sont super doués dans la théorie, d’autres c’est plutôt sur le terrain, le réseautage, d’autres dans l’écriture etc. Chacun a ses forces et ses faiblesses.
      Tu vas réussir!!

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      1. Je te comprends, j’étais dans le même cas, mais plus maintenant (comme quoi avec l’âge!!!)

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  13. Bonjour à toutes, à tous,

    Même chose dans mon cas, je doute sérieusement de mes capacités après un peu moins de deux mois. Ai commencé une thèse en écologie marine à Naples, et je commence à sérieusement envisager d’abandonner (déjà..!) car même en dehors du labo, je ne m’intègre pas du tout. J’ai l’impression d’être bloqué ici cependant, car je ne vois vraiment pas ce que je pourrais faire d’autre : je me sens inutile dans le seul « vrai » travail que je puisse faire.

    Je pensais que cette position m’épanouirais, mais c’est très loin d’être le cas…

    Alex

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    1. Bonjour Alex,
      Je me sens exactement comme toi il y a 1 an. Je suis en 1ère année de thèse et là l’idée d’abandonner ne me quitte pas depuis. Mais avec cette décision j’ai peur de décevoir tous mes proches donc je continue malgré tout. Je n’ai pas l’impression d’être à ma place alors que je ne sais pas ce que je pourrai faire d’autre. Donc je suis « bloquée » dedans aussi.
      Finalement qu’est ce que tu as décidé de faire?

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  14. Bonjour à toutes et tous,

    Je viens de parcourir les quelques commentaires et évidemment je m’y retrouve. Si j’avais su ( je suis en 4 année de thèse) que cela me démolirai autant la santé et bien je ne l’aurais tout simplement jamais faite. Je doute et le mot me semble faible pour représenter ce que je ressens au plus profond de moi. Je dirais ceci: la thèse me taille de l’intérieur, elle me saigne mon corps. Je suis en roue libre, je me demande combien de personne peuvent se rendre malade. Car faire une thèse c’est voir ou en est sa structure personnelle, c’est cela qui est violent car cette structure personnelle doit dialoguer avec des concepts théorique, sociologique etc. et le pompon de chez pompon du moins en ce qui me concerne je ne jamais été aussi pauvre financièrement, la thèse m’a tout pris, je suis devenue peureuse alors que j’étais vaillante, je suis devenue tremblante alors que j’étais solide, j’étais une autre, j’étais et la thèse me renvoie chaque jour que je ne serai peut-être plus jamais comme j’étais.

    Voilà….

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    1. Bonjour, Très beau témoignage, très émouvant. Oui le doctorat participe à une transformation de soi, vous le décrivez parfaitement bien. Je vous souhaite de la finir, vous vous sentirez alors grandi, vous respirerez à nouveau et le monde s’ouvrira à vous! Je vous souhaite plein de bonheur

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  15. Bonjour,
    Comme beaucoup ici je tombe sur cet article car j’ai besoin d’exprimer un profond mal être. Je suis en dernière année de thèse et cela fait déjà longtemps que cette thèse est devenue une torture pour moi. Je suis partagé entre l’intérêt immense que je porte à mon projet et ce sentiment impossible à atténuer que j’ai ruiné le travail. Que n’importe quel étudiant de licence aurait fourni quelque chose de plus probant. Objectivement je sais ne pas être si mauvais, mais je refuse de l’entendre. De fait, je vis un supplice, ni plus ni moins, chaque fois que je pense à cette thèse. J’essaie de me remettre les pieds sur terre avec des articles comme celui-ci en espérant qu’ils me secouent assez pour relativiser, mais rien n’y fait : une part de moi refuse catégoriquement d’admettre que ce sentiment d’imposture est infondé, voire normal dans nos situations. Moi qui aime la recherche je ne peux que me dire que je ne suis pas fait pour ça et qu’il vaudrait mieux arrêter les frais plutôt que traîner mon incompétence ici ou là. C’est un véritable enfer moral au quotidien, si bien que malgré mon implication dans mon projet je ne rêve que du moment où j’en aurai terminé et pourrai tout laisser derrière moi. Ce commentaire n’apporte pas grand chose à l’affaire, mais j’avais besoin d’exprimer cela (évitant ainsi de m’épancher encore sur mes collègues qui n’en peuvent plus de mon attitude).

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    1. Bonjour,
      Merci pour ton commentaire. Comme tu as pu le lire, ce sentiment est tout à fait normal. A la fin de ma thèse, je me disais que je n’avais rien apporté de nouveau, que c’était des évidences. Mais en fait, comme on travaille H24 sur sa thèse on a l’impression que c’est pas assez bon, pas assez probant, mais c’est juste une impression (en principe). Garde confiance en toi, tu es en dernière année, lâche rien, tu vas y arriver!

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  16. Bonjour,
    article tres interessant, merci d’avoir aborde ce sujet. J’apporte ma petite pierre au mur des temoignages, si cela peut rassurer d’autres lecteurs.
    Je connais bien le symptome de l’imposteur, c’est meme a cause de lui que j’ai decide de changer d’orientation a la fin d’un M1 tres prometteur (aux vues de mes resultats et aux dires de mes enseignants de l’epoque): j’avais l’impression de m’ennuyer a mourir en stage, ne jamais savoir que faire, et de maniere generale ne rien connaitre de l’etendue des savoirs possibles dans mon domaines (et au-dela). Si bien que je me suis progressivement laissee aller dans une spirale de changement de fac/d’orientation/d’interet, avec toujours finalement ce sentiment de ne pas avoir atteint mes objectifs initiaux (a savoir un titre de docteur en physique du globe). Il a fallu 5 ans d’errance universitaire, une experience d’enseignement (en lycee) desastreuse, et 2 mois de woofing (volontariat en agriculture) en Suede (je pense que le pays compte, car on ne se compare jamais les uns les autres, la-bas), pour que je reprenne confiance en moi et decide de finir ce cycle Master/Doctorat en physique. J’ai donc repris un M2 un mois plus tard, puis enchaine sur une these (en Angleterre)… et un bebe (je ne voulais pas risquer de reproduire mes erreurs de stage et « m’ennuyer », sans avoir d’autres horizons que la these). Je suis donc ravie de faire cette these a 32 ans plutot qu’a 23 (une note au passage, ca n’aurait pas forcement ete possible en France car la culture des bourses de these est tres differente; on m’a mis un veto lie a l’age, quand j’en ai parle a mes enseignants francais), car je me sens clairement plus mure et autonome, et mes experiences a l’etranger (celle-ci y compris) me permettent, meme si le symptome de l’imposteur refait tres regulierement surface (pourquoi croyez-vous que je vous lis? 🙂 ), de relativiser mes lacunes par rapport a celles des autres. Avoir un bebe fut aussi une grande aide car du coup je n’avais pas a justifier d’extraordinaires competences dans le domaine, mais simplement montrer que j’arrivais a gerer these et bebe, que j’etais capable de presenter et rediger comme n’importe quel autre thesard, ni plus, ni moins. Pour faire simple, l’attention se focalisait moins sur mes competences techniques que sur ma capacite a gerer deux emplois du temps charges, et c’est je pense une grosse source de pression en moins: si je cherche a donner le meilleur, c’est pour moi, pas pour mes directeurs de these.
    Sur ce, bonne journee et bon courage a tous les doctorants en periode de doute.

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  17. Salut à tous, je suis entre la deuxième et la troisième année de la thèse, et j’hésite à arrêter. Enorme sentiment d’incompétence malgré un bon dossier en master, aucune envie de continuer dans le monde de la recherche pour écrire des articles que personne ne lira (je suis en philo), un directeur nulissime qui n’intervient que tous les 6 mois pour faire des critiques injustes sur des points de détail de mon travail. En deux ans je n’ai toujours pas produit d’article, je n’ai plus aucune confiance en mon directeur, dont j’ai l’impression qu’il veut me mettre des bâtons dans les roues (je sais pas si c’est de la parano ou pas), et surtout j’ai envie de quitter ce monde clos dans lequel je me sens inutile ; je préférerais faire des choses plus concrètes comme de l’informatique ou de la gestion… Aucune envie de devenir un autre « philosophe » qui s’écoute parler… Comme je fais ma thèse dans un domaine interdisciplinaire, j’espérais avoir des idées dans le domaine en question, et avoir des choses intéressantes à dire ; ce qui s’est révélé être faux… Je me sens non seulement incompétent mais aussi pas du tout motivé pour continuer… Je dois faire ma réinscription avant la fin septembre, et je n’ai qu’une envie, partir pour faire autre chose, quitte à rester 6 mois au chômage…
    Est-ce que quelqu’un a déjà été dans cette situation, et si oui, quelle décision avez-vous prise, et la regrettez-vous ?

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  18. Bonjour à vous,

    Tout d’abord, merci pour vos témoignages que je trouve très touchant. Je suis actuellement en post-doctorat dans un domaine de la physique. Je vis quasiment tout le temps le syndrome de l’imposteur, et ce depuis que je suis à l’université. Toujours à me demander si les examens que j’ai passé ont été suffisamment « filtrants », pour être certain d’avoir ma place.
    Pendant les stages, je me disais que mes encadrants n’osaient pas me dire que j’étais incompétent. Le bon côté de cela, s’il y en a un, c’est que je me donnais à fond pour être à la hauteur, mais le problème reste cette sensation permanente de déception à venir.
    En thèse, j’ai eu un fort SI, même si certains échanges avec mes encadrants ont pu me rassurer sur la pertinence de mes avis et propositions techniques. Je sais que malgré cela, j’ai pensé au jour de ma soutenance comme au jour du grand dévoilement… Et je sais que même les compliments, venant parfois d’anciens chercheurs respectés du domaine, ont mis du temps à vraiment être acceptés.
    Je suis actuellement en post-doctorat donc, et ça ne se passe pas comme prévu. Je sens que je ne suis pas à ma place dans cet endroit, je ne retrouve pas l’esprit de recherche que j’ai pu ressentir en discutant avec des passionnés. En plus, ce sujet comporte des choses totalement nouvelles pour moi. Alors j’ai mis les bouchées doubles dès le début de mon contrat, en voulant bien faire, en voulant rassurer voire impressionner, mais au final, j’ai eu l’impression de surtout vouloir montrer que j’étais légitime… Une communication un peu crispée avec mon encadrement, des incompréhensions sur les objectifs à cours terme, une culture professionnelle que j’ai mis du temps à intégrer et une trop petite liberté de recherche, amoindrie par des objectifs de résultats qui laissent peu de place à la créativité… Tout cela m’a un peu dégouté je dois dire. J’ai toujours pensé que mon SI partirait après la thèse, mais c’était faux.
    J’ai le choix entre tout arrêter pour trouver un emploi dans une entreprise, ou bien persévérer dans un autre post-doctorat, plus adapté à mon profil, si possible.
    J’ai l’occasion, je dirais même la chance, d’échanger avec un chercheur qui est passionné par le même domaine de la physique que moi. Nous avons des discussions passionnantes et j’ai pu, en observant sa façon de penser, comprendre que notre faiblesse fait aussi notre force. Ce chercheur à beaucoup d’années d’expérience et de publications à son actif, il est respecté par ses pairs, et pourtant il est humble et remet toujours en question sa propre compréhension des choses. À chaque problème à résoudre, il se pose, propose des solutions et se demande toujours s’il n’a pas commis une erreur. J’admire ces gens, experts dans un domaine et remettant leur modèles en question malgré tout.
    Et c’est là toute la subtilité. Il remet son raisonnement en question, pas ses compétences. Si je devais me risquer à une métaphore un peu rapide, je dirais qu’il remet en question le chemin qu’il à choisit, mais pas sa capacité à l’emprunter. Et là est sa force, il décortique ses modèles de pensées, les module, les remet à jour, et va de l’avant ainsi. Mais il ne doute pas de sa capacité à établir une hypothèse, une proposition. Car l’apprentissage est dans l’erreur. Et ça il l’a bien compris.
    Cette personne me redonne, probablement sans le savoir, un enthousiasme et une énergie folle pour la recherche scientifique à chaque discussion. Vos témoignages m’ont touché, car je m’y reconnais et je ne peux qu’avoir de la compassion pour vous. Mais je dois dire également que je vous admire. Oui vous.
    Vous avez choisi un chemin difficile, vous avez décidé de contribuer à la Recherche, d’apporter votre brique à l’édifice du Savoir accessible à l’humanité. Le ton est devenu quelque peu solennel et c’est volontaire, car vous devez vous rappeler, dans les moments de doute, que votre façon de penser, votre façon d’aborder les choses, est propre à vous même et ne demande qu’à être affûtée, modulée et mise à jour par votre esprit critique bienveillant envers vous même. Car c’est cela qui fait de vous des chercheur.e.s. Alors encore une fois, courage à vous et bravo pour avoir choisi cette belle et exigeante discipline qu’est la recherche.

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