Voici trois bonnes raisons de former les directeurs de mémoires/thèses à la direction de recherches. A noter que je connais bien ce sujet puisque j’ai mené ma thèse et deux autres recherches là-dessus (ICI et LA). On va voir ici le POURQUOI former à la direction de recherches, et dans un deuxième billet, je vous présente le COMMENT former à la direction de recherches.
1. Premièrement, la littérature dans le domaine tend à montrer que la direction de recherches est une pratique différente de celle de l’enseignement et de la recherche parce qu’elle nécessite de la part du directeur de mémoires ou de thèses des compétences spécifiques et complexes d’accompagnement (Germain & Gremillet, 2000; Green & Lee, 1995; Prégent, 2001; Royer, 1998). Être compétent dans les domaines de l’enseignement et de la recherche n’est pas une condition suffisante pour être en mesure de diriger des recherches de manière efficace. Ainsi, professionnaliser cette pratique permettrait aux enseignants de développer les compétences d’accompagnement nécessaires à l’encadrement de recherches.
2. Deuxièmement, dans la plupart des universités françaises, la pratique de direction de recherches s’apprend encore de manière exclusivement informelle, c’est-à-dire que la direction de recherches ne fait pas l’objet d’une professionnalisation (Emilsson & Johnsson, 2007). Les directeurs apprennent à diriger des mémoires ou des thèses par le biais d’échanges avec leurs pairs (Amundsen & McAlpine, 2009). Ils se basent également sur leur propre expérience de la direction de recherches telle qu’ils avaient pu la vivre en tant que jeune chercheur (Grant & Graham, 1999; Voyer, 1992). L’apprentissage de la direction de recherches se réalise aussi par expérience de l’action, c’est-à-dire que le directeur tend à faire évoluer sa pratique au fil des années (Delamont, Parry, & Atkinson, 1998). Conséquemment, comme il n’y a pas de consensus sur la manière de diriger une recherche, les directeurs ont des conceptions et donc des approches différentes de cette pratique (Goode, 2010; Voyer, 1992).
3. Troisièmement, les recherches montrent que la pratique de direction a un effet sur la formation du jeune chercheur et sur la durée de ses études. Zuber-Skerritt (1994), Royer (1998) et Prégent (2001) mentionnent, par exemple qu’une bonne direction est un moyen de réduire les abandons chez les jeunes chercheurs. Plus récemment les recherches de Ives et Rowley (2005) et Mainhard (2009) mettent en évidence la relation entre la qualité de la direction et la progression du jeune chercheur dans sa recherche, ainsi que l’effet positif sur sa diplomation. Les recherches qui portent sur la direction de recherche s’accordent toutes sur le fait que la direction de recherche constitue une variable importante de la réussite en deuxième et troisième cycle universitaire (Bowen & Rudenstine, 1992; Ives & Rowley, 2005; Mainhard, et al., 2009; Royer, 1998; Zuber-Skerritt & Ryan, 1994).
Super intéressant! J’espère pouvoir lire d’autres articles concernant cette problématique qui, je le souhaite, fera l’objet de ma thèse. Bonne continuation!
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