Recherche de Laetitia Gerard & Christian Bégin
La supervision doctorale constitue l’un des principaux facteurs de réussite et d’abandon en doctorat (Royer 1998; Leduc 1990). En nous appuyant sur le concept de compagnonnage cognitif (Collins, Brown, and Newman 1989), nous nous sommes intéressés au rôle que le superviseur devrait adopter dans l’accompagnement du doctorant à partir de l’expérience vécue de celui-ci. 533 doctorants ont répondu à un questionnaire en ligne dans lequel ils devaient décrire leur expérience par le biais de l’utilisation d’une métaphore. Les résultats montrent que le thème de l’accompagnement est très peu évoqué dans les métaphores, mais celles-ci semblent suggérer que le superviseur devrait adopter un rôle s’orientant surtout vers le « coaching ».
Les métaphores utilisées par les doctorants nous amène à questionner leur perception du rôle de leur superviseur dans ce contexte. L’idée d’accompagnement est évoquée par seulement 43 doctorants. Parmi eux, 26 sujets indiquent de façon explicite que l’expérience à laquelle ils réfèrent par leur métaphore implique un accompagnement qu’ils jugent aidant et utile : « une caverne dans laquelle le directeur tient la torche et vous invite à progresser pour retrouver la lumière ». Par contre, 13 sujets font mention de façon explicite que l’accompagnement de leur superviseur aura été nuisible : « …être jeté dans le grand bain sans brassières ni maître-nageur. A toi de te débattre et tu survivras…peut-être. ». Le superviseur est alors décrit comme celui qui crée des conditions négatives qui empêchent ou mettent véritablement en péril la progression et la finalisation de la démarche. Enfin, 4 autres sujets intègrent la présence d’un accompagnateur dans la description de leur métaphore, mais ils prennent la peine de nuancer la nature et la qualité de l’accompagnement : « La thèse c’est comme une randonnée, certaines sont tranquilles pépère avec des guides sympas et intéressants, d’autres tu en baves avec des sacs lourds et des guides relous qu’on aurait préféré ne jamais rencontrer » (sujet 170). Pour eux, un bon accompagnement facilite la progression et permet de surmonter les difficultés alors qu’un « mauvais » accompagnement sera source de difficultés supplémentaires et peut même mener à l’échec. Il y a donc seulement 26 doctorants parmi les 457 sujets qui ont identifié de manière très concrète que le superviseur avait eu un rôle significatif (et positif) dans leur démarche.
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3 réflexions au sujet de “Le rôle des directeurs de thèse, à la lumière de l’expérience vécue des doctorants”