Recherche en cours de finalisation
Laetitia Gerard & Amaury Daele
– Objectif n°1. Quelle est le taux d’insatisfaction des doctorants concernant leur direction doctorale ?
– Objectif n°2. Sur quelles dimensions portent leurs insatisfactions ?
et
Résultat objectif n°1. Taux d’insatisfaction des doctorants concernant leur direction doctorale
et
528 doctorants ont répondu au questionnaire en ligne. Sur une échelle de 1 à 5, les doctorants étaient invités à noter la qualité perçue de leur direction doctorale. 1 était considéré comme une direction jugée non satisfaisante par le doctorant et 5 comme une direction jugée très satisfaisante.
Sur l’ensemble du groupe d’étude, plus de la moitié des doctorants se disent satisfaits ou très satisfaits de leur direction de thèse : 23,6% on évalué leur direction à 4, et 26,5% l’ont évalué à 5. Le taux de satisfaction moyen est de 3,6 avec un écart type de 1,20. Moins d’un quart des doctorants ont évalué leur direction doctorale à 3, la note moyenne, et moins d’un quart également se disent peu ou pas satisfaits de leur direction doctorale : seulement 19,3% des doctorants ont évalué leur direction à 1 ou à 2.
En prenant en compte la variable « sexe », nous pouvons remarquer que les doctorantes semblent plus insatisfaites de leur direction doctorale que leurs homologues masculins, respectivement 25,4% et 12,7% évaluent leur direction à 1 ou à 2. La moyenne de satisfaction des doctorantes est de 3,41 avec un écart type de 1, 26 et celle des doctorants est de 3,82 avec un écart type de 1,09.
Nous pouvons observer une différence concernant l’évaluation des doctorants de la qualité de leur direction doctorale en fonction de leur année d’inscription en doctorat. Plus les doctorants sont inscrits en fin de doctorat, moins ils se disent satisfaits de leur direction doctorale. 73,5% des doctorants inscrits en première année considèrent leur direction doctorale comme satisfaisante ou très satisfaisante (notée 4 ou 5). Ce pourcentage baisse en deuxième année, mais reste élevé (63%). En 5ème et 6ème année et + les doctorants se disent moins satisfaisants : ce chiffre tombe respectivement à 59,4% et à 47,3%.
Ce sont les doctorants inscrits dans une discipline des Lettres, sciences humaines et sociales qui sont les moins insatisfaits de leur direction doctorale : 15,4% la jugent peu ou pas satisfaisante (note de 1 et 2), alors que ce taux oscille entre 21,6% et 27,7% pour les autres secteurs disciplinaires. On observe par ailleurs que se sont les doctorants inscrits dans une discipline des Sciences et techniques qui évaluent le mieux leur direction doctorale : 64,4% considèrent leur supervision doctorale comme satisfaisante ou très satisfaisante (note de 4 et 5). Ce taux varie entre 45,3% et 58,7% pour les doctorants appartenant aux autres secteurs disciplinaires.
et
Objectif n° 2. Sur quelles dimensions portent leurs insatisfactions ?
et
Les doctorants étaient invités à s’exprimer sur leur perception de la qualité de leur direction doctorale, notamment via la question « quels sont selon vous les éléments négatifs de votre direction de thèse ?». Les commentaires des doctorants ont été catégorisés dans le tableau ci-dessous.
Par exemple, 49 doctorants disent qu’ils sont beaucoup trop cadrés, dirigés, contrôlés par leur directeur de thèse, voire dans certains cas, « utilisés ».
et
– Un travail imposé de technicien. Les doctorants perçoivent les tâches demandées par leur directeur de thèse comme des tâches « ingrates » : « [J’ai] parfois la sensation de n’être rien de plus qu’un technicien : « soit mes petites mains et c’est tout » » (femme, 2ème a, cancérologie), « [Il y a une] confusion entre technicien et doctorant » (homme, 3ème a, biologie), « Les doctorants sont souvent considérés comme de la main-d’œuvre» (homme, 3ème a, électronique), « j’ai l’impression de n’être que le bras exécutif de leurs idées » (Doctorante, écologie, 1ère anneé). Les termes qu’ils utilisent « main d’œuvre », « technicien » ou encore « petites mains », renvoient à l’image d’un travail qui ne semble pas correspondre à la représentation qu’ils se font du travail du doctorant. Il se peut que le rôle du doctorant n’ai pas été clairement explicité au sein du binôme. Dans ce cas l’insatisfaction peut provenir d’un décalage entre ce que le directeur considère comme relevant du travail du doctorant, et la vision différente que peut s’en faire le doctorant.
Certains doctorants accusent leur directeur de thèse de les « utiliser » comme de la main d’œuvre au service de leurs propres recherches et de leur propre carrière, au détriment de la leur: « je sens d’être utilisé. » (Doctorant, 2ème année, chimie), « mon directeur de thèse essaie par tous les moyens de me rajouter de travail et allonger mon temps de thèse » (femme, 3ème a, cancérologie), « Je fais aussi partie d’une équipe qui considère que la production scientifique doit être faite que par les stagiaires et doctorants. C’est dommage! » (Doctorante, 4ème année, biochimie), « Chef égoiste qui pense uniquement à ce que l’on peut lui apporter et non à ce qu’il peut nous apporter » (homme, 4ème a, biochimie).
Certains doctorants vont même plus loin en faisant part de dérives, qui peuvent aller jusqu’à la malhonnêteté du directeur : « lorsqu’il a découvert le filon de mes données inaccessible […] il a tenu à voir la personne professionnelle qui m’a aidée à avoir ces données, il m’a dit « pour le remercier » […] il s’est avéré qu’il voulait la rencontrer pour avoir à lui les données et beaucoup plus durablement…) » (femme, 6ème a et +, gestion), « Tout ce qui intéresse le directeur est de récupérer les résultats du doctorant et frimer avec ce qu’il ne pourra pas retrouver lui-même » (femme, 3ème a, science de l’ingénieur). Des pratiques illégales sont également mentionnées par certains doctorants « [point faible de ma direction] exploitation: rémunération moindre (non déclarée), pour un temps de thèse non déterminée (certains sont resté 6 ans) » (femme, 2ème a, cancérologie).
et
– Les publications au détriment de la thèse. Certains doctorants regrettent que leur directeur les pousse à publier autant d’articles. Les publications se réalisent au détriment de la rédaction de leur thèse : « Etre utilisé en tant que machine à produire des publis sans se soucier de son enrichissement personnel et sans être guidé sur l’orientation de son sujet. » (homme, 4ème a, sciences des matériaux), « Mon directeur m’a fait faire trop d’articles congrès en 2ème année, ce qui a ralenti l’avancement de mes travaux de thèse » (homme, 2ème a, géoscience), « L’exigence de publication dans une revue avec « Impact Facteur » en cours de thèse. » (homme, 6ème a et +, éducation et santé publique).
C’est la course à la publication et, d’après le discours des doctorants interrogés, les effets pervers ne tardent pas à apparaître. Il peut arriver que le directeur de thèse joue de son statut pour encourager son doctorant à produire des articles et augmenter ainsi son propre quota de publications en y ajoutant son nom en deuxième auteur : « La rédaction « conjointe » d’articles , co-signés, est seulement faite par le doctorant, le directeur de thèse ne faisant que corriger et mettre son nom en haut du papier (en 1er bien évidemment!!) » (femme, 3ème a, économie internationale), « mettre des noms de personnes (maître de conférences), qui encadrent ma thèse mais ne travaillent jamais avec moi, sur mes articles publiés, et je peux dire rien » (femme, 4ème a, nc). Un autre effet pervers porte sur la quantité de publications qui tend à se réaliser au détriment de leur qualité : « Aucun sujet définit concrètement, l’écriture d’article pour l’écriture (et non pour l’intérêt du sujet ou sa pertinence). Le but étant de faire du chiffre (d’article), et pas (forcement) de la qualité. La division d’un bon article en deux ou trois mauvais pour permettre d’avoir un plus grand nombre d’articles est fréquent. C’est une politique du chiffre qui est contre-productive. » (homme, 3ème a, informatique), « Mon directeur de thèse accorde aussi beaucoup d’importance aux publications scientifiques, parfois au détriment de la cohérence du contenu scientifique » (homme, 2ème a, sociologie de la santé publique). Certains doctorants se plaignent de cette culture du résultat. En d’autres termes, les financeurs et le directeur attendent des résultats et les doctorants perçoivent ces attentes comme une lourde pression : « il y a aussi la pression liée au fait que les résultats ne sont pas toujours ceux escomptés, mais que nous devons tout de même trouver des solutions pour finir la thèse dans les délais impartis (délais qui sont imposés par le financement bien sûr… On nous donne le financement pour un temps donné, et si nous n’avons pas de résultats, alors nous ne pouvons pas défendre notre thèse…). » (femme, 3ème a, sciences biomédicales et pharmaceutiques), « beaucoup d’exigence de résultats » (femme, 1ère a, psychologie), « L’exigence de résultat innovant alors que pour moi le résultat de la thèse pourrait être d’en certains cas d’arriver à la conclusion que l’on a rien « trouvé » (homme, 6ème a et +, éducation et santé publique). Si pour le chercheur l’absence de résultat est considérée comme un résultat, les financeurs ne le perçoivent pas de cette manière. Ainsi, cette culture du résultat se réalise au détriment de l’épanouissement scientifique du doctorant et de sa formation, car l’accent est davantage porté sur la production finale de la recherche davantage que sur son processus.
– Objectif n°2. Sur quelles dimensions portent leurs insatisfactions ?
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Résultat objectif n°1. Taux d’insatisfaction des doctorants concernant leur direction doctorale
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528 doctorants ont répondu au questionnaire en ligne. Sur une échelle de 1 à 5, les doctorants étaient invités à noter la qualité perçue de leur direction doctorale. 1 était considéré comme une direction jugée non satisfaisante par le doctorant et 5 comme une direction jugée très satisfaisante.
Sur l’ensemble du groupe d’étude, plus de la moitié des doctorants se disent satisfaits ou très satisfaits de leur direction de thèse : 23,6% on évalué leur direction à 4, et 26,5% l’ont évalué à 5. Le taux de satisfaction moyen est de 3,6 avec un écart type de 1,20. Moins d’un quart des doctorants ont évalué leur direction doctorale à 3, la note moyenne, et moins d’un quart également se disent peu ou pas satisfaits de leur direction doctorale : seulement 19,3% des doctorants ont évalué leur direction à 1 ou à 2.
En prenant en compte la variable « sexe », nous pouvons remarquer que les doctorantes semblent plus insatisfaites de leur direction doctorale que leurs homologues masculins, respectivement 25,4% et 12,7% évaluent leur direction à 1 ou à 2. La moyenne de satisfaction des doctorantes est de 3,41 avec un écart type de 1, 26 et celle des doctorants est de 3,82 avec un écart type de 1,09.
Nous pouvons observer une différence concernant l’évaluation des doctorants de la qualité de leur direction doctorale en fonction de leur année d’inscription en doctorat. Plus les doctorants sont inscrits en fin de doctorat, moins ils se disent satisfaits de leur direction doctorale. 73,5% des doctorants inscrits en première année considèrent leur direction doctorale comme satisfaisante ou très satisfaisante (notée 4 ou 5). Ce pourcentage baisse en deuxième année, mais reste élevé (63%). En 5ème et 6ème année et + les doctorants se disent moins satisfaisants : ce chiffre tombe respectivement à 59,4% et à 47,3%.
Ce sont les doctorants inscrits dans une discipline des Lettres, sciences humaines et sociales qui sont les moins insatisfaits de leur direction doctorale : 15,4% la jugent peu ou pas satisfaisante (note de 1 et 2), alors que ce taux oscille entre 21,6% et 27,7% pour les autres secteurs disciplinaires. On observe par ailleurs que se sont les doctorants inscrits dans une discipline des Sciences et techniques qui évaluent le mieux leur direction doctorale : 64,4% considèrent leur supervision doctorale comme satisfaisante ou très satisfaisante (note de 4 et 5). Ce taux varie entre 45,3% et 58,7% pour les doctorants appartenant aux autres secteurs disciplinaires.
et
Objectif n° 2. Sur quelles dimensions portent leurs insatisfactions ?
et
Les doctorants étaient invités à s’exprimer sur leur perception de la qualité de leur direction doctorale, notamment via la question « quels sont selon vous les éléments négatifs de votre direction de thèse ?». Les commentaires des doctorants ont été catégorisés dans le tableau ci-dessous.

et
– Un travail imposé de technicien. Les doctorants perçoivent les tâches demandées par leur directeur de thèse comme des tâches « ingrates » : « [J’ai] parfois la sensation de n’être rien de plus qu’un technicien : « soit mes petites mains et c’est tout » » (femme, 2ème a, cancérologie), « [Il y a une] confusion entre technicien et doctorant » (homme, 3ème a, biologie), « Les doctorants sont souvent considérés comme de la main-d’œuvre» (homme, 3ème a, électronique), « j’ai l’impression de n’être que le bras exécutif de leurs idées » (Doctorante, écologie, 1ère anneé). Les termes qu’ils utilisent « main d’œuvre », « technicien » ou encore « petites mains », renvoient à l’image d’un travail qui ne semble pas correspondre à la représentation qu’ils se font du travail du doctorant. Il se peut que le rôle du doctorant n’ai pas été clairement explicité au sein du binôme. Dans ce cas l’insatisfaction peut provenir d’un décalage entre ce que le directeur considère comme relevant du travail du doctorant, et la vision différente que peut s’en faire le doctorant.
Certains doctorants accusent leur directeur de thèse de les « utiliser » comme de la main d’œuvre au service de leurs propres recherches et de leur propre carrière, au détriment de la leur: « je sens d’être utilisé. » (Doctorant, 2ème année, chimie), « mon directeur de thèse essaie par tous les moyens de me rajouter de travail et allonger mon temps de thèse » (femme, 3ème a, cancérologie), « Je fais aussi partie d’une équipe qui considère que la production scientifique doit être faite que par les stagiaires et doctorants. C’est dommage! » (Doctorante, 4ème année, biochimie), « Chef égoiste qui pense uniquement à ce que l’on peut lui apporter et non à ce qu’il peut nous apporter » (homme, 4ème a, biochimie).
Certains doctorants vont même plus loin en faisant part de dérives, qui peuvent aller jusqu’à la malhonnêteté du directeur : « lorsqu’il a découvert le filon de mes données inaccessible […] il a tenu à voir la personne professionnelle qui m’a aidée à avoir ces données, il m’a dit « pour le remercier » […] il s’est avéré qu’il voulait la rencontrer pour avoir à lui les données et beaucoup plus durablement…) » (femme, 6ème a et +, gestion), « Tout ce qui intéresse le directeur est de récupérer les résultats du doctorant et frimer avec ce qu’il ne pourra pas retrouver lui-même » (femme, 3ème a, science de l’ingénieur). Des pratiques illégales sont également mentionnées par certains doctorants « [point faible de ma direction] exploitation: rémunération moindre (non déclarée), pour un temps de thèse non déterminée (certains sont resté 6 ans) » (femme, 2ème a, cancérologie).
et
– Les publications au détriment de la thèse. Certains doctorants regrettent que leur directeur les pousse à publier autant d’articles. Les publications se réalisent au détriment de la rédaction de leur thèse : « Etre utilisé en tant que machine à produire des publis sans se soucier de son enrichissement personnel et sans être guidé sur l’orientation de son sujet. » (homme, 4ème a, sciences des matériaux), « Mon directeur m’a fait faire trop d’articles congrès en 2ème année, ce qui a ralenti l’avancement de mes travaux de thèse » (homme, 2ème a, géoscience), « L’exigence de publication dans une revue avec « Impact Facteur » en cours de thèse. » (homme, 6ème a et +, éducation et santé publique).
C’est la course à la publication et, d’après le discours des doctorants interrogés, les effets pervers ne tardent pas à apparaître. Il peut arriver que le directeur de thèse joue de son statut pour encourager son doctorant à produire des articles et augmenter ainsi son propre quota de publications en y ajoutant son nom en deuxième auteur : « La rédaction « conjointe » d’articles , co-signés, est seulement faite par le doctorant, le directeur de thèse ne faisant que corriger et mettre son nom en haut du papier (en 1er bien évidemment!!) » (femme, 3ème a, économie internationale), « mettre des noms de personnes (maître de conférences), qui encadrent ma thèse mais ne travaillent jamais avec moi, sur mes articles publiés, et je peux dire rien » (femme, 4ème a, nc). Un autre effet pervers porte sur la quantité de publications qui tend à se réaliser au détriment de leur qualité : « Aucun sujet définit concrètement, l’écriture d’article pour l’écriture (et non pour l’intérêt du sujet ou sa pertinence). Le but étant de faire du chiffre (d’article), et pas (forcement) de la qualité. La division d’un bon article en deux ou trois mauvais pour permettre d’avoir un plus grand nombre d’articles est fréquent. C’est une politique du chiffre qui est contre-productive. » (homme, 3ème a, informatique), « Mon directeur de thèse accorde aussi beaucoup d’importance aux publications scientifiques, parfois au détriment de la cohérence du contenu scientifique » (homme, 2ème a, sociologie de la santé publique). Certains doctorants se plaignent de cette culture du résultat. En d’autres termes, les financeurs et le directeur attendent des résultats et les doctorants perçoivent ces attentes comme une lourde pression : « il y a aussi la pression liée au fait que les résultats ne sont pas toujours ceux escomptés, mais que nous devons tout de même trouver des solutions pour finir la thèse dans les délais impartis (délais qui sont imposés par le financement bien sûr… On nous donne le financement pour un temps donné, et si nous n’avons pas de résultats, alors nous ne pouvons pas défendre notre thèse…). » (femme, 3ème a, sciences biomédicales et pharmaceutiques), « beaucoup d’exigence de résultats » (femme, 1ère a, psychologie), « L’exigence de résultat innovant alors que pour moi le résultat de la thèse pourrait être d’en certains cas d’arriver à la conclusion que l’on a rien « trouvé » (homme, 6ème a et +, éducation et santé publique). Si pour le chercheur l’absence de résultat est considérée comme un résultat, les financeurs ne le perçoivent pas de cette manière. Ainsi, cette culture du résultat se réalise au détriment de l’épanouissement scientifique du doctorant et de sa formation, car l’accent est davantage porté sur la production finale de la recherche davantage que sur son processus.
– Résultat au niveau de la dimension relationnelle, lire l’article Quand mon directeur de thèse m’appelle « l’autre Zig » ICI.
– Article à lire bientôt ICI
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Un étude remarquable… à diffuser largement dans toutes les équipes de recherche. Félicitations, JC2
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