Quand mon directeur de thèse m’appelle « l’autre Zig »

La direction de recherches est une relation pédagogique duale qui est considérée comme une relation privée (Blumberg, 1974; Johnson, Lee, & Green, 2000; Manathunga, 2005). Le doctorant et son directeur échangent d’ailleurs souvent porte close (McWilliam & Palmer, 1995). De ce fait, il s’agit d’une relation généralement mal connue et souvent peu questionnée (Goode, 2010). La plupart du temps, heureusement, la relation entre le directeur de thèse et le doctorant se passe bien :). L’objectif est ici de s’interroger sur les difficultés rencontrées au sein du binôme, dans le but de les comprendre pour mieux les prévenir.

– Objectif n°1 de la recherche: Quel est le taux d’insatisfaction des doctorants concernant leur direction doctorale ?
– Objectif n°2: Sur quelles dimensions portent leurs insatisfactions ?
et

Les insatisfactions liées à la dimension relationnelle
et
Les doctorants étaient invités à s’exprimer sur leur perception de la qualité de leur direction doctorale, notamment via la question « quels sont selon vous les éléments négatifs de votre direction de thèse ?».

Sur 528 doctorants ayant répondu au questionnaire, 62 doctorants abordent une insatisfaction qui a trait à la dimension relationnelle.

– Manque de considération du directeur à leur égard ou à l’égard de leur recherche : « Les doctorants [sont traités] comme des sous-personnes » (femme, 4ème a, sciences économiques), « Manque total de considération de mon statut de doctorante au sein du laboratoire, que ce soit par le personnel technique, par les titulaires, ou même par mon tuteur de thèse » (femme, 3ème a, microbiologie alimentaire), « J’ai des fois le sentiment de ne pas être pris au sérieux […] On m’éduque un peu « à la dure » et on me félicite rarement. Mon directeur de thèse a des fois des idées très changeantes et peut trouver que mon sujet est bidon ou qu’il va cartonné selon son humeur » (homme, 1er a, biologie), « ne pas pouvoir être étroitement encadrée, avoir le sentiment de ne pas intéresser dans les moments où cela ne marche pas et de me faire comprendre que j’en suis la seule responsable; et quand cela marche, je n’ai aucun mérite, cela devait marché puisque cela émane du génie du directeur de thèse. » (femme, 4ème a, immunologie), « En trois ans, j’ai vu mon directeur peut-être 4 fois, j’ai dû recevoir 3 mails, très blessants sur la forme (une ligne de commentaire sur mes articles et mon plan de thèse) et le fond (avec seulement des « c’est mauvais », « ce n’est pas ce qu’on attend » » (femme, sciences éco, 3ème année).

– Pour certains doctorants, ce manque de considération va au-delà de la relation professionnelle et constitue un mépris de leur propre personne : « l’un de mes chefs ne se souvient toujours pas de mon prénom et lorsqu’il parle de moi il me nomme « machin » « l’autre zig » voir même des insultes, on m’a fait comprendre dès le début que mon sujet de thèse n’était pas intéressant et qu’il n’avait servi qu’à obtenir un financement (ça m’a coupé toute motivation à travailler) lorsque je travaille sur ma thèse, c’est seulement pour « faire plaisir » (dixit l’un de mes chefs) aux financeurs » (homme, 3ème a biologie santé), « il me descend a chaque fois que j’essaie faire un pas vers quelque chose de concret en disant tout le temps qu’il ne comprend rien de ce que je fais/dis » (femme, 1ère a, électronique), « j’ai quelquefois eu l’impression qu’il me « prenait de haut ». Un jour, il m’a dit que « le problème avec moi, c’est que je ne comprenais rien à la vie »… » (femme, histoire, 6ème année et +), « non-respect des règles simples de politesse (bonjour, au revoir, serrer la main etc…) ; et le ton un peu sec bien souvent (toutefois cela n’est réservé qu’aux doctorants…) » (homme, sociologie, 3ème année).t 

et

LIGNE
LIGNE