Trois cadres de certifications sont actuellement en cours d’élaboration en Afrique : 1) le cadre continental ; 2) le cadre régional ; 3) le cadre national de certification.
Le cadre de certification au niveau continental
Projet ACQF. Au niveau continental, en Afrique, une initiative récente est actuellement en cours au sein de la Commission de l’Union Africaine (CUA). La CUA s’est engagée dans le développement d’un cadre continental des certifications (ACQF) , en partenariat avec l’Union européenne, la GIZ et la Fondation Européenne pour la Formation (ETF). Le groupe consultatif de l’ACQF est composé de 38 représentants. Le projet se déroule sur une durée de deux ans et demie (2019-2022), il s’inscrit dans le premier plan décennal de mise en œuvre de « l’Agenda 2063 : l’Afrique que nous voulons » qui prévoit la création d’un cadre continental de certification avec un système commun de certification. Le projet a débuté par un état des lieux, une cartographie, des pays membres de l’UA concernant leurs politiques, pratiques et instruments en lien avec les cadres de certification. Le livrable attendu en 2022 prendra la forme d’un document politique et technique, ainsi qu’un plan d’action de l’ACQF opérationnel. Le Cadre continental comprendra des descripteurs, mais également des lignes directrices sur l’assurance qualité (ex : VAE, système de crédit, référentiels en APC).
Les cartographies de 13 pays sont déjà publiées sur le site de la CUA. Il s’agit des cartographies des pays/communautés suivant(e)s : Angola, Cap Vert, Cameroun, Egypte, Ethiopie, Maroc, Mozambique, Sénégal, Afrique du Sud, Togo, SADC, CAE, CEDEAO.
Outre l’élaboration d’une cartographie, le projet prévoit l’organisation d’ateliers : 1) une formation initiale sur les cadres de qualifications (rôle du CNC, CNC et assurance qualité, expériences africaines et internationales du CNC, ect.); 2) une formation avancée pour une application pratique.
Le cadre continental qui sera produit à l’issue du projet, sera inclusif. Il inclura l’enseignement supérieur, l’EFTP et la formation tout au long de la vie. Il sera ouvert aux transformations, à la digitalisation et aux échanges de bonnes pratiques. Un site internet est actuellement en construction. Ce site comprendra du e-learning, une base de données et du networking. A la demande des pays, le projet prévoit également un support pour la mise en place de leur CNC.
Le CNC au niveau sous- régional
CDAA. En 2011, la Communauté de Développement d’Afrique Australe (CDAA) a mis en place un cadre régional de certification (CRC) avec dix niveaux de référence : il s’agit du Cadre de Certification de la Communauté de Développement d’Afrique Australe (SADCQF) . Les 16 Etats membres sont invités à aligner leurs CNC sur le SADCQF. Le SADCQF dispose d’un portail de certifications, en ligne, qui n’est pas encore fonctionnel. Ce portail sera inclusif dans le sens où il englobera toutes les formes d’éducation et de formation : formel, informel, non formel, extrascolaire, l’EFTP, l’enseignement général, l’enseignement supérieur et d’autres modalités d’apprentissages (ex : à distance, en face à face).
L’élaboration du cadre régional de certification a été accompagnée de la mise en œuvre de six autres programmes : 1) l’assurance qualité, 2) la vérification des certifications, 3) la sensibilisation/communication, 4) l’articulation, 5) la validation des acquis de l’expérience (VAE) et accumulation et transfert de crédits (CATS), 6) la gouvernance.
EAC. Les pays d’Afrique de l’est ont élaboré en 2015 un cadre régional de certification à 8 niveaux : East African qualifications Framework for Higher Education Qualifications Framework (EAQFHE). Ils ont été accompagnés dans ce processus par l’Inter-University Council of East Africa (IUCEA). Depuis 2020, il est prévu d’élaborer un Cadre régional de certification pour la formation professionnelle avec l’accompagnement de la coopération Suisse et la Banque Mondiale.
UEMOA. Récemment, l’UEMOA a initié les prémisses d’un travail sur l’élaboration d’un CRC . Ce travail a débuté par une caractérisation des diplômes, certifications et qualifications dans les 9 pays membres de la plateforme de mutualisation de l’UEMOA , à savoir les 8 pays de l’UEMOA et le Tchad. Cette plateforme mutualise les ressources relatives à la formation professionnelle des pays membres. L’élaboration du CRC de l’UEMOA sera mise en oeuvre dans le cadre du Programme régional de formation (PROFOR) que l’UEMOA va lancer en 2021 avec le financement de la coopération Suisse.
Dans le cadre de ce projet de création d’un CRC « UEMOA », le travail de caractérisation des diplômes certifications et qualifications a déjà été initié pour le Niger. Il s’agit néanmoins d’un document de travail qui n’est pas encore diffusable. 26 qualifications/certifications différentes ont été identifiées. Pour chacune de ces qualifications/certifications, il est mentionné : le cadre législatif ou réglementaire, les conditions d’accès (âge minimum, âge maximal, niveau d’étude, expérience professionnelle, durée de la formation), les modalités de certification, organe certificateur, et le statut professionnel attaché (ouvrier, ouvrier spécialisé, technicien). Dans une colonne « commentaires », les experts ont réalisé une première classification des qualifications/certifications selon des descripteurs.
Le CNC au niveau national
Le rapport UNESCO-BREDA. Le rapport de l’UNESCO-BREDA intitulé « Contribution au développement de Cadres nationaux et de cadre régional des certifications (CNCs/CRC) dans la sous-région de la CEDEAO » , propose une feuille de route pour accompagner les pays membres de la CEDEAO à élaborer leur propre cadre national de certification. Cette feuille de route décrit les 8 grandes étapes du processus d’élaboration d’un CNC : 1) décision politique ; 2) identification des fondamentaux en vue d’élaborer une première ébauche de CNC ; 3) décision politique et approche législative éventuelle ; 4) élaboration d’un prototype de CNC ; 5) validation politique du système ; 6) accompagnement des acteurs ; 7) expérimentation et mise au point du dispositif ; 8) communication et dissémination. Le rapport propose également un guide d’entretien à adresser aux différents acteurs impliqués dans la réalisation d’un CNC.
Pays d’Afrique. Certains pays d’Afrique disposent déjà d’un CNC, c’est le cas par exemple pour le Ghana, la Gambie et le Sénégal.
→ Le Ghana. Le Ghana a déjà élaboré son cadre national de certification. Il comprend 8 niveaux : 1) aptitude nationale I ; 2) aptitude nationale II ; 3) certificat national I ; 4) certificat national II ; 5) diplôme national supérieur ; 6) licence en technologie ; 7) master en technologie ; 8) doctorat en technologie . Un nombre de crédits est associé à chacun des niveaux de qualification. Par exemple, le niveau 1 correspond un nombre minimum de 40 crédits, alors que le niveau 8 correspond à un nombre minimum de 360 crédits. La réalisation de ce cadre permet aux titulaires d’un diplôme technique ou professionnel d’évoluer vers les niveaux supérieurs. Il existe en effet un bureau national pour les examens techniques et professionnels (NABPTEX) qui organise les examens pour les diplômés des filières techniques et professionnels.
→ La Gambie. Le rapport de l’UNESCO-BREDA fait mention du cas de la Gambie. Le pays
a mis en place un cadre sectoriel de certifications. Ca cadre s’organise autour de quatre domaines prioritaires : 1) agriculture, 2) santé, 3) construction, 4) sciences de l’ingénieur. S’ajoutent à ces 4 domaines, des compétences clés : TIC, anglais, alphabétisation, notions d’arithmétiques, compétences de travail et compétences de vie courante. Le cadre de certification de la Gambie permet la certification des acquis d’apprentissage formels, non formels et informels.
→ Le Sénégal. Le Sénégal dispose d’un cadre national des certifications professionnelles (NVQF) qui couvre les secteurs de l’industrie et du tertiaire. Ce cadre de certification comporte 5 niveaux de compétences, allant du CAP (niveau 5) au diplôme d’ingénieur (niveau 1) . Actuellement le NVQF possède un répertoire embryonnaire des certifications, consultable en ligne .
Coopération universitaire 